Cristal Union investit dans l'isobutène et les bioplastiques
Pour augmenter les surfaces de betteraves de 20 % en vue de la fin des quotas, Cristal Union mise sur de nouveaux débouchés non alimentaires.
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Le 1er octobre 2017 sonnera la fin des quotas betteraviers. Cristal Union s'y prépare déjà. « Nos adhérents produisent actuellement 140 000 ha, rappelle Xavier Astolfi, directeur général adjoint. Notre objectif est d'accroître la sole de 20 %, soit environ 28 000 ha de plus. Cela passe par l'augmentation des débouchés en sucre industriel et sucre de bouche, en alcool et éthanol, mais aussi par de nouveaux débouchés en chimie du végétal. » Pour ce faire, le 21 mai dernier, Cristal Union a créé la société IBN-One (comme Isobutène unité 1) avec la start-up Global Bioenergies. Objectif 2018 : construire et exploiter, en France, la première usine de production d'isobutène à partir de ressources renouvelables (voir encadré). Cette molécule peut être obtenue à partir de la fermentation du glucose issu de l'amidon des céréales et du saccharose de la betterave.
Du labo à l'usine
« C'est bien entendu cette deuxième voie qui nous intéresse. » Pour produire 50 000 t d'isobutène, l'usine d'IBN-One aura besoin de 200 000 t de saccharose, soit environ 15 000 ha et 1,5 Mt de betteraves. « C'est l'équivalent de ce que consomme actuellement notre ligne betterave chez Cristanol pour produire de l'éthanol. Notre objectif est également de produire de la betterave de façon pérenne donc cela signifie proposer un prix suffisamment rémunérateur pour le producteur, c'est-à-dire le prix de marché. » Cristal Union, partenaire historique d'ARD, a toujours été en veille sur tout ce qui se passe en matière de chimie du végétal. « Le projet de Global Bioenergies nous a séduits. Nous sommes devenus actionnaires de cette start-up en 2010. C'est la phase industrielle du projet qui nous intéresse. » Depuis mai 2015, Global Bioenergies produit de l'isobutène sur son pilote industriel à Bazancourt dans les locaux d'ARD. La société, qui s'est également développée en Allemagne, vient d'y construire un démonstrateur industriel pour passer à l'échelle supérieure, soit 100 t d'isobutène par an, afin de commencer à faire rouler des flottes de voitures. L'étape suivante, pour une commercialisation à grande échelle, est donc la construction d'une usine en France. Une étude d'implantation est en cours sur plusieurs sites industriels de Cristal Union et sur les zones de production et transformation pétrolière capables d'utiliser l'isobutène. « La question est : est-ce qu'on transporte le gaz isobutène des zones betteravières où il aura été produit vers les zones de transformation pétrolière, ou bien est-ce qu'on transporte la matière première (le saccharose) vers ces zones pour y produire de l'isobutène ? »
1 500 ha pour du PHA
Un autre projet de débouché est également bien avancé pour le sucrier : produire du bioplastique dur biodégradable (PHA) pour l'emballage de ses sucres de bouche. « Nous nous sommes rapprochés de Bio-on, une société italienne qui produit du PHA, pour construire une usine d'une capacité de production de 5 000 t près d'une de nos trois distilleries françaises. » 150 000 t de betteraves, soit environ 1 500 ha, seront nécessaires. « Une partie de la production servira à nos produits emballés et le reste à d'autres applications en santé humaine, santé végétale... »
Chantal Urvoy
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